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Djafna ou Gasaa قسعة او الجفنة
De par la finesse de sa conception, Gasaât Draâ Tebbal, du nom de la petite agglomération située au nord-ouest de la commune de Aïn Melouk, est un pur produit du terroir fabriqué localement.
Cet ustensile utilisé par les ménagères pour le roulement du couscous et la préparation de la galette et bien d’autres facettes culinaires, a survécu à plusieurs générations. Les toutes premières familles à avoir introduit cet outil traditionnel dans les moeurs culinaires locales, et même au delà, ont pour noms : Belaïd Noureddine, Benalilèche (Ali et Azeddine), Fertas et Boukriba, pour ne citer que ces illustres artisans. Fuyant les affres du colonialisme, ces familles issues de Béni Aâfer et de Chahna principalement, dans la wilaya de Jijel, s’étaient établies sur un pan du territoire de la wilaya de Mila. « Nos aïeux et arrière-parents pratiquaient déjà depuis des décennies le métier de confection de la gasaâ qui était notre seule pitance et notre gagne-pain quotidien », raconte l’un des Belaïd. Cette paisible, communauté versée dans la menuiserie traditionnelle, est en butte à d’énormes contraintes liées aux approvisionnements en matière première.
« Les espèces de bois tels l’eucalyptus, le pin, le peuplier et le frêne, ingrédients de base pour la fabrication de la gasaâ, sont de plus en plus rares et le fait que nous étions obligés de ramener ces intrants des régions de Khenchela, Guelma et El Tarf, générait des dépenses excessives qui menaçaient la pérennité de notre activité », nous disait-il. La splendide gasaâ de Draâ Tebbal, qui est cédée aux environs de 2.000 à 2.500 DA, s’agissant d’une unité de petite taille (de 30 à 40 cm de diamètre), entre 3.000 et 5.000 DA concernant celle dont le diamètre est au-delà de 50 et 60 cm et plus lorsqu’il s’agit d’une gasaâ grand modèle (dépassant les 60 cm), est un ustensile tout aussi incontournable que la cuisinière et le réfrigérateur. Et les moeurs et les usages aidant, il n’existe quasiment aucun foyer qui s’en dispense.
« La filière des ustensiles en bois est en net recul», nous indique-t-on. Preuve en est que cette spécialité artisanale est en pleine récession. Sur les 60 ateliers en activité intensive, il y a à peine quelques années, plus d’une cinquantaine ont mis la clé sous le paillasson. Il y a lieu de noter que face à ce net recul de l’activité, plusieurs artisans se sont investis dans la confection de petits caissons pour l’emballage des fruits et légumes.
M. Boumelih
El Watan - Dimanche 15 mars 2015